Comment vous sentez-vous à quelques jours d'une marche de plus de 200 kilomètres ?
La récupération se passe telle que je pouvais l’espérer après une telle épreuve :
♦ Le sommeil s’est régulé en 5 jours
♦ Les jambes ont commencé à reprendre de la vigueur après 4 jours. Maintenant, elles semblent comme neuves
♦ Le goût et le plaisir de manger et de boire sont revenus en 5 jours
En revanche, je souffre toujours du cou, de l’épaule et de l’omoplate suite à la position plus que penchées que j’ai adopté durant les dernières heures de l’épreuve. Des examens médicaux sont en cours.
♦ Les jambes ont commencé à reprendre de la vigueur après 4 jours. Maintenant, elles semblent comme neuves
♦ Le goût et le plaisir de manger et de boire sont revenus en 5 jours
En revanche, je souffre toujours du cou, de l’épaule et de l’omoplate suite à la position plus que penchées que j’ai adopté durant les dernières heures de l’épreuve. Des examens médicaux sont en cours.
En 2015, vous terminez votre première participation aux 28 heures de Roubaix avec une distance de 186.928 km. En 2018, vous gagnez avec une distance de 225.907 km, soit près de 40 km de plus ! Comment expliquez-vous cette différence en 3 ans seulement ?
La différence s’explique par le nombre de kms pratiqués en 3 ans tant à l’entraînement qu’en compétition (plus de 4 000 kms par an) qui sont venus s’ajouter à tous ceux déjà effectués les années précédentes. Sous la houlette de mon entraîneur, Thierry Nuttin, la manière de marcher tous ces kms a changé. Je ne marche plus uniquement pour faire du volume, mais j’intègre également du fractionné, des blocs d’entraînement lourd de 3 ou 4 jours consécutifs, un peu de PPG (pas suffisamment au vu de mon style les dernières heures!) et de la technique afin de marcher en préservant le maximum de ressources
Votre victoire sur les 28 Heures de Roubaix marque un véritable tournant dans votre progression mais aussi au palmarès de la course, puisque vous vous imposez devant le russe Osipov, 9 fois vainqueur de l'épreuve, connu aussi pour ses succès sur le Paris - Alsace. A partir du moment où vous avez pris la tête est ce que vous y avez cru jusqu'au bout ? Y'a t'il eu des doutes ? A quoi pense t'on pendant toutes ces heures de marche en tête ?
J’aurais pu faire un peu mieux si je n’avais pas eu ce problème de posture, car les jambes n’étaient pas trop atteintes. Il faut cependant préciser que le circuit était un peu plus difficile que l’an dernier : 2 000 m au lieu de 2 800 m avec le même dénivelé et 3 demitours au lieu de 2.
Peut-on revenir à vos débuts pour comprendre ce qui vous a poussé à marcher. J'ai lu qu'au départ vous aviez arrêté de fumer et que la marche était pour vous un moyen de ne pas grossir. Est ce bien le cas ?
Il est vrai que j’ai commencé à marcher pour ne pas grossir suite à l’arrêt du tabac, et pour reprendre ma forme physique.
Pourquoi vous êtes vous lancé dans la compétition ? Pourquoi pas juste de longues heures de randonnées ? Vous êtes un compétiteur avant tout ?
Je continue la randonnée à la journée (environ 40 kms) en parallèle avec la marche athlétique. Je me suis lancé dans la compétition afin de progresser car je suis convaincu que c’est le meilleur moyen d’y parvenir. Je pense que je suis compétiteur à mes heures car j’aime aller au bout des choses, et m’en donner les moyens.
Quand vous découvrez la marche athlétique, comment passe t-on d'un stade de course de 5 km ou 10 km dans les premiers temps, à la marche de grand fond ? Ce n'est pas du tout la même préparation.
Je ne suis pas passé par le 5 ou le 10 kms. J’en fait un peu pour progresser techniquement. J’ai commencé avec les 100 kms libre en 2013 à Steenwerck. En dessous de 50 kms, je suis un peu léger techniquement.
On sait l'importance de la marche dont on défend les bienfaits. Mais peut-on encore dire après 200 km que la marche apporte des bienfaits ?
Les bienfaits de la marche après 200 kms sont plus de l’ordre de la satisfaction personnelle que d’ordre physique. La pratique des sports ultra peut être violente et douloureuse, mais amène des bienfaits dans la vie de tous les jours, comme la confiance en soi, l’abnégation, la persévérance, la patience. Il y a aussi forcément du plaisir à marcher même après 200 kms. C’est la concrétisation de l’entraînement, la satisfaction de se battre contre soi et les concurrents, et enfin le bonheur de l’arrivée qui se profile.
La marche en compétition demande de nombreuses d'heures de préparation, d'entraînements. Comment arrivez-vous à concilier vie sportive, professionnelle et personnelle ?
Pour tout concilier, il faut effectivement s’organiser et intégrer les nombreux entraînements dans l’emploi du temps, ce qui laisse peu de temps pour d’autres loisirs. Un soutien familial sans faille est également indispensable.
Difficile après votre victoire sur les 28 heures de Roubaix devant Dimitry Osipov de ne pas vous imaginer venir sur un prochain Paris - Alsace rivaliser de nouveau avec lui pour la gagne.....Est ce votre prochain objectif ?
Concernant le Paris-Alsace, j’y songe sérieusement, mais ma décision n’est pas encore arrêtée. Tout d’abord, le budget est conséquent, et les sponsors très difficiles à convaincre. Ensuite, cela impose de constituer une équipe de 8 à 10 personnes bénévoles, hyper motivées à qui je demanderai beaucoup, tant physiquement qu’humainement, et aptes à se libérer pendant 5 jours. Ce qui est sur, pour ma 1ère participation au Paris-Alsace, je ne viserai que l’arrivée, le classement ne sera que du bonus.
Le grand public connaît peu le monde de la marche athlétique et encore moins celui de la marche de grand fond. Rare sont les grands médias à évoquer la marche en compétition. Et en même temps quand on veut découvrir la marche de grand fond, c'est difficile de trouver des informations sur internet. Quand on en trouve, c'est vraiment sur des sites très ciblés, ce qui donne l'impression d'un cercle assez fermé. Comment expliquez vous cela ? Vous n'avez par exemple pas de site internet....pour vous présenter, diffuser vos résultats, vos objectifs...
Il faut croire que l’image d’un marcheur n’est pas vendeur pour les médias. L’effort puret dur, sans artifice, n’est peut-être plus sexy comme avant ! Par incompréhension, les médias ne sont pas sensibilisées à ce genre d’effort solitaire et gratuit, et ne peuvent donc pas le relater. Les marcheurs sont peut-être trop modestes et trop occupés à s’entraîner pour se charger de la communication. Personnellement, je communique par Facebook, mais je n’ai pas le temps de créer un site internet. Il existe aussi un bon site internet peu connu, consacré à la marche athlétique de grand fond qui est : BWA (Belgian Walking Association).
Quel est votre programme dans les prochains jours ?
Pour les prochains jours, mon programme pendant 15 jours est repos.
L'hiver approche est ce un frein à l'entrainement pour vous ?
Je vous remercie grandement pour votre retour, un dernier mot peut être ? Que peut on vous souhaiter ?
L’hiver n’est pas la meilleure saison pour nous, les marcheurs de grand fond qui devons encaisser une lourde charge d’entraînement. Il faut donc ne pas prendre de retard afin de pouvoir différer une séance, si les conditions météo sont trop défavorables. Il est inutile de chercher à tout prix à s’entraîner au risque de chuter sur des chaussées glissantes ou attraper un coup de froid sous la pluie glaciale, bien qu’il existe maintenant des équipements adaptés.
Guillaume Joubert
Rédacteur 'Culture Marche'
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