Eddy Riva : « On enlève toute la dramaturgie de la marche athlétique » Partager l'article
Maintenant, c’est officiel : le 50 km marche ne sera pas au programme des Jeux Olympiques de Paris en 2024. Une décision qui n’a pas manqué de faire réagir un ancien spécialiste de la distance, le Vosgien Eddy Riva.
« Moi, ça m’a fait mal avec ma casquette d’athlète », lance le Vosgien Eddy Riva. « C’est une décision des instances internationales. La chance qu’on a, c’est que la marche demeure au programme olympique, parce qu’on aura toujours cette épreuve mixte et le 20 km ».
Quand il a appris la disparition du 50 km pour les Jeux de Paris 2024, Eddy Riva a forcément fait la grimace. Normal, puisque le gaillard a été sélectionné aux Jeux d’Athènes et de Pékin sur cette distance. Autant dire que le Vosgien y est particulièrement attaché.
Et qu’il se montre déjà nostalgique : « C’est regrettable, parce qu’on enlève toute la dramaturgie de la marche athlétique qu’on voyait pleinement au travers de cette distance qui flirtait avec les 3 h et demie, 3 h 45' d’effort pour les meilleurs mondiaux avec des scénarios qui bougeaient, des stratégies à mettre en place ».
Ce qui ne sera pas le cas avec le produit de substitution annoncé : « Là, on s’acheminerait vers une discipline mixte pour les Jeux de Paris avec une distance qui n’est pas encore déterminée, mais d’après des bruits de couloir, ce serait 30-35 km, on ne sait pas trop ».
Pourtant, son épreuve fétiche de demi-fond possédait de réels atouts : « On a la parité, puisque des femmes s’y sont mises. Les femmes pratiquent le 50 km marche et les chronos commencent à descendre. Le record du monde est à 3 h 57'. Ce qui est un chrono plus qu’honorable. Et puis, on a quand même les cinq continents qui sont représentés. Un peu moins avec l’Afrique, c’est vrai. Mais en termes d’universalité, on existe ».
Le problème du jugement humain
Sauf que le problème était ailleurs, selon ce technicien : « En 2018, lors de la Coupe du monde de marche qui avait lieu en Chine, où j’étais, toutes les nations ont été rassemblées lors d’une réunion où on nous avait évoqué la difficulté du maintien du 50 km marche au programme olympique. Ce qui était problématique pour l’avenir de notre discipline, c’était son règlement, qui est toujours subjectif et repose sur l’œil humain. Ce qu’on retrouve dans le patinage artistique et qu’on risque de retrouver dans le breakdance, qui vient d’entrer aux prochains Jeux ».
Une situation qui incite déjà certains à rechercher des approches plus rationnelles : « Il y a des projets de capteurs de semelles au pied avec des tolérances de temps de vol. L’Espagne est en avance là-dessus. Personnellement, au Centre national spécialité marche à Nancy, j’ai commencé à évaluer et à tester mes athlètes en mesurant leur temps d’envol pour avoir une petite avance sur les nations étrangères ».
Des efforts qui n’empêcheront pas la tendance à la réduction des distances d’exister.